En consultation ostéopathique, les patients consultent majoritairement pour des douleurs, de tous types, mais surtout du dos (lombalgie, cervicalgie…). Dans cet article, voyons comment est définie la douleur, et qu’elle est son fonctionnement.

Selon la définition officielle de l’OMS, la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans ces termes.

Elle est donc propre à chacun, subjective, et ne représente pas nécessairement une lésion tissulaire localisée. La douleur agit tel un signal d’alarme pour informer le corps que quelque chose ne va pas.

 

PREDICTION / Douleurs prédictives :

Pour bien comprendre, il faut savoir que la prédiction dirige la douleur. La prédiction, c’est le fait de prédire un phénomène douloureux qui va entraîner un message d’alerte amplifié.
La prédiction dépend des croyances, des connaissances, des attentes, de l’attention que l’on porte, du contexte, ainsi que des expériences passées.
Pour donner un exemple de prédiction par expériences passées, lorsque l’on touche une plaque brulante, notre cerveau s’attend à ce que ce soit chaud et douloureux. Le corps va se préparer et se mettre en alerte afin d’augmenter la sensibilité du signal douloureux pour se protéger. Un enfant qui n’a jamais eu l’expérience de douleur dans ce cadre là ira probablement toucher la plaque (s’il est curieux) et se rendre compte seulement après quelques secondes qu’il s’est brulé [c’est pourquoi on doit indiquer à un enfant de ne pas toucher la plaque qui sort du four …].
Dans ce cas là, la douleur ressentie par le contact avec la chaleur provient d’une douleur nociceptive périphérique. C’est-à-dire que la douleur n’est pas en lien direct avec le cerveau mais avec la moelle épinière, afin de mettre en place un réflexe plus rapide de rétraction de la main.

Si le cerveau s’attend à recevoir un stimulus douloureux, il va participer en augmentant le seuil de sensibilité de la douleur.
Afin de comparer avec des douleurs types lombalgies ou cervicalgies, si l’on pense que le fait de réaliser un mouvement a priori néfaste pour notre corps (croyances), le système va augmenter sa sensibilité et risquer à long terme une lombalgie/cervicalgie chronique. Il en va de même avec les croyances sur la course à pied => « on m’a dit que courir était mauvais pour mes genoux, alors j’ai arrêté de courir. Depuis, quand je recours, j’ai mal aux genoux. ». Ce phénomène entretient la douleur, et ce de manière chronique.

 

Comment fonctionne la douleur ?

Il existe 3 chemins douloureux dans notre physiologie :

Douleur nociceptive :
Ce sont les douleurs périphériques (exemple, la main au contact de la chaleur, un choc reçu, ou une piqûre d’insecte…).

Douleur neuropathique centrale :
C’est une douleur du nerf (par compression notamment. Ex : sciatique paralysante).

Douleur nociplastique centrale :
Ce sont les douleurs chroniques (c’est la chasse à la douleur, elle se balade dans le corps. Exemple : le lombalgique chronique a sa douleur qui migre aux cervicales, ou d’un côté comme de l’autre sans explication). C’est un mécanisme complexe détaillé peu après.

 

Modèles biomédical / Bio-psycho-social :

Le corps médical actuel fonctionne de telle manière qu’une douleur doit être expliquée par une cause. Il s’agit du modèle biomédical.

L’anxiété, le stress, la dépression, le tabac/alcoolisme, le fait de ne pas être heureux au travail, la fatigue, la qualité du sommeil, le contexte socioculturel a un impact sur la douleur. L’étude de tous ses éléments relève du modèle bio-psycho-social. Le thérapeute doit prendre en compte tous ses paramètres afin de diminuer l’hypersensibilité du système nerveux central qui pourrait expliquer une douleur chronique.

Une anomalie radiologique, une scoliose, la sédentarité … ne montrent pas que ce sont des facteurs prédictifs de douleurs. A titre d’exemple, à 50 ans, 80% de la population française a une dégénérescence discale. Pourtant toutes ces personnes ne sont pas douloureuses chroniques. Tous les scoliotiques n’ont pas mal au dos, d’ailleurs certains grands sportifs ont réalisé de superbes performances sans révéler le moindre souci de santé.

 

La douleur chronique / douleur nociplastique centrale :

La douleur chronique est régie par la prédiction, pas le contexte bio-psycho-social, et peut-être hyper sensibilisée. C’est comme si la sonnette d’alarme était constamment activée. Le problème ne vient donc pas de là où l’alarme sonne, mais du centre de commande de l’alarme => le cerveau.

Le fait de proposer des solutions sur l’environnement des patients douloureux chroniques dont le système nerveux central est hypersensibilisé, le fait de redonner du mouvement de manière fréquente (Thérapies Manuelles (Ostéopathie, Kinésithérapie …), exercices physiques réguliers) va les aider bien plus que le fait de leur expliquer que la position de leur siège en voiture est la cause de leur douleur chronique. D’ailleurs, le fait de culpabiliser le patient augmente la prédiction d’apparition de douleur à long terme…

 

=> Vous l’aurez compris, la douleur chronique est une hypersensibilisation du système nerveux central.

En Ostéopathie, on ne corrige pas une dysfonction, on ne déplace pas des vertèbres, on ne les remet pas en place … l’ostéopathe rééquilibre le corps, que ce soit localement (une articulation, un fascia, un viscère, un os …) et de facto dans son ensemble. L’ostéopathie propose des options pour retrouver un équilibre.

 

Enfin, pour finir, comment combattre la douleur ?

Croire en son corps, et ne pas se culpabiliser en pensant avoir effectué un « faux-mouvement ».
Arrêter de croire (tant que ce n’est pas avéré) qu’une partie de son corps est abîmée (ex : mon genou est faible, je dois le ménager sinon je vais me faire mal => FAUX !).
Pour diminuer la douleur et maintenir son dos en bonne santé, il est important d’être relâché et de continuer à bouger.
« J’ai une hernie discale, on la voit à l’IRM, c’est pour ça que j’ai mal ! » => FAUX ! il faut que l’Ostéopathe fasse bouger le corps pour savoir si l’imagerie est corrélée avec la douleur.

 

Pour conclure, l’origine de chaque douleur est à définir avec précision, l’Ostéopathe cherchera à comprendre son mécanisme, et proposer des solutions adaptées à chaque patient. La mobilité et l’activité physique restent des solutions indispensables pour pallier à d’éventuelles douleurs.

 

Source : Formation CFPCO Laurent FABRE Ostéopathe D.O. Janvier 2019 à Paris.

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